Vous êtes déjà nombreux à avoir découvert le site des Salins d’Aigues-Mortes en Camargue, lors d’ateliers photo au coucher ou lever du soleil. On y découvre des paysages roses, blancs, bleus aux lignes très graphiques et très inspirantes pour la photographie ! Et pour aller plus loin, voici quelques éléments sur l’histoire du sel et de son exploitation en Camargue !
La conservation des aliments : premier usage du sel !
Partout dans le monde, le sel est d’origine marine. Dans certaines régions du globe, les mers, quand elles se sont retirées, ont laissé leur empreinte sous forme de lagunes à l’eau (très) salée ou bien de larges cuvettes désertiques et asséchées. On trouve aussi le chlorure de sodium sous forme fossile, sous des couches de sédiments. Il est alors appelé sel gemme et exploité dans des mines pour diverses utilisations : pharmacie, chimie, médecine, agriculture…
En Camargue, le sel est présent partout, dans les sols et les sous sols, les lagunes et les marais, avec un taux de salinité plus important au fur et à mesure que l’on approche du littoral. Les conditions climatiques (soleil, vent, faibles pluies, températures élevées) sont extrêmement favorables à la création de salins, par évaporation naturelle de l’eau. Des fouilles archéologiques révèlent, au Vème siècle avant JC, l’utilisation de sel par les premières communautés de pêcheurs pour conserver le poisson. Ajouté aux aliments, le sel a joué un rôle capital comme mode de conservation en évitant le développement des bactéries. Il était à portée de main pour tous les peuples côtiers mais beaucoup plus rare pour les communautés installées loin d’un littoral marin.
Naissance de la Compagnie des Salins du Midi
Au début de notre ère, ce sont les romains qui, les premiers, exploitent les salins de Camargue de façon organisée. Un certain Peccius (qui laissa son nom au fort et au marais de Peccais) fut nommé pour structurer cette activité, à partir des salins d’Aigues-Mortes. Au Moyen Age, la production augmente et le sel devient une denrée plus répandue. Elle n’en est cependant pas moins onéreuse, notamment après l’apparition de l’impôt de la gabelle (1341) comme source de financement de la royauté qui a repris la main sur les salins en 1290, sous le règne de Philippe Le Bel. Les abbayes du sel, Psalmody et Sylveréal, chargées de la production et de la vente, collectent cet impôt et prospèrent de cette activité.
Au XVIIIème siècle, 17 petits sauniers se partagent l’exploitation des salins de Peccais, en bordure de lagune. En 1842, probablement affaiblis par la grande crue du Rhône, ils décident de s’associer et fondent, en 1856, le Salin d’Aigues-Mortes devenu la Compagnie des Salins du Midi. Ce salin s’étend aujourd’hui sur 18 km du nord au sud et 13 km d’ouest en est, soit une superficie proche de 8 000 hectares. On y produit 500 000 tonnes de sel alimentaire dont seulement quelques centaines de la très prisée Fleur de Sel, autrefois réservée à la consommation des seuls sauniers et propriétaires.
Le site de Salin de Giraud en Camargue
Au XIIIème siècle, une autre forme d’utilisation du sel, à des fins industrielles, fait son apparition dans la zone du Vaccarès, sous la responsabilité de l’abbaye d’Ulmet, 3ème abbaye du sel en Camargue. Parmi les plantes halophiles (qui prospèrent en milieux salins), on trouve la famille des soudes et notamment la soude kali (Salsola kali). Présente à l’état sauvage dans les sansouires, cette plante est cultivée pour ses capacités de production de la soude caustique, utilisée dans la fabrication du savon et du verre. Les savonneries de Marseille, proches et accessibles par voie fluviale, favorisent ce développement.
Au XIXème siècle, un nouveau procédé de fabrication permet de produire la soude directement à partir du sel marin, sans passer par la plante. Cette étape marque le début, en 1850, de l’exploitation industrielle du Salin de Giraud. Le chlorure de sodium devient un produit de base pour des secteurs aussi variés que la fabrication de fibres, de plastiques, de solvants ou l’industrie pharmaceutique. Ce nouveau débouché pour le sel du delta attire de nombreux travailleurs et dynamise l’économie de la Camargue. Une cité ouvrière voit le jour à Salin de Giraud au milieu d’un territoire, de prime abord, inhospitalier.
Avec leurs 14 000 hectares, les salins de Camargue, comprenant ceux d’Aigues-Mortes et du Salin de Giraud, sont aujourd’hui les plus étendus d’Europe et les 2émes au niveau mondial.
D’où vient la couleur rose des salins ?
La tables salantes, hyper concentrées en sel, offrent un milieu favorable au développement de la Dunaliella Salina, une micro-algue très riche en béta-carotène. Cette micro-algue est utilisée en cosmétique, notamment pour des produits contre le vieillissement de la peau. Elle donne leur couleur rose aux tables salantes riches en saumure. Elle est aussi la source d’alimentation de l’Artemia Salina, petit crustacé dont les flamants roses sont friands : c’est elle qui leur donne leur couleur rose à l’âge adulte.
Photographier les Salins d’Aigues-Mortes en Camargue
Je vous propose, du printemps à la fin de l’été, des ateliers photo dans le Salin d’Aigues-Mortes pour photographier cette étrange planète rose ! Vous retrouvez toutes les dates et les informations sur mon site web dans la rubrique JE RESERVE :
- les Ateliers Photo : https://cecile-domens-photo.com/produit/atelier-photo-salins-aigues-mortes/
- les Rencontres Photo : https://cecile-domens-photo.com/produit/apero-photo-salin-du-midi/
Super Cécile 🤩!
Un bel article sur les salins aussi pédagogique que tes stages de photos😊😘!
Merci d’avoir pris le temps de la lecture et de laisser un commentaire 🙂 A la prochaine.