Vous êtes nombreux à découvrir en Camargue la richesse des festivités autour du cheval et du taureau. Chaque village organise ses « fêtes votives ». A l’origine, il s’agit de fêtes à caractère religieux célébrées en l’honneur du Saint Patron de la paroisse du village. Elles sont aujourd’hui, avant tout, des moments de partage où tout un village se retrouve, toutes générations confondues, autour de traditions ancestrales qui perpétuent les anciens rites et rythmes saisonniers autour de l’élevage de taureaux et chevaux de race Camargue.
Gérer son bétail
Il en est de même chez tous les éleveurs : le travail du gardian de Camargue, comme celui du cow-boy, du gaucho ou du berger, est d’assurer la santé et la pérennité de son troupeau, de le faire fructifier en surveillant les périodes de reproduction et de naissances. En Camargue, étant donnée la nature marécageuse des sols, ce travail s’effectue essentiellement à cheval. L’homme rassemble et trie ses bêtes, castre les jeunes veaux (« bistournage »), gère l’herbage en menant les troupeaux de pâturages d’été en pâturages d’hiver, marque les bêtes de son élevage, les vend, les soigne.
Ces tâches rythment, au fil des saisons, la vie de la manade. Certaines tâches peuvent nécessiter une entraide entre manadiers. Elles sont alors clôturées par un rassemblement festif et familial.
Le marquage des « anoubles » (veaux d’un an) demandait, par exemple, de regrouper, à cheval, l’ensemble du troupeau, de trier les bêtes pour séparer celles des divers propriétaires, d’immobiliser les veaux pour les marquer au fer rouge à l’emblème de la manade (« ferrade ») et d’une entaille aux oreilles (« escoussure »). Aux familles et amis, se sont joints, petit à petit, les passionnés de « bouvine » venus prêter main forte et participer à la fête.
Aujourd’hui, de nombreuses manades proposent au public d’assister à des reconstitutions de ces ferrades, parfois sous forme de concours avec plusieurs équipes de cavaliers qui doivent mener leur veau vers le public et le mettre au sol pour le marquer.
Déplacer les troupeaux
Les transhumances de chevaux ou taureaux, menées par les gardians à cheval, passaient au printemps et à l’automne de villages en villages pour la joie des habitants et des jeunes dont le grand jeu était de bloquer les cavaliers afin de faire échapper les taureaux dans les rues du village. De cette pratique est probablement né « l’encierro » qui consiste, en Camargue, à lâcher un à plusieurs taureaux dans un espace clos (place ou rue de village fermée par des barrières) pour que les jeunes se mesurent à la vivacité de la bête en attirant son attention.
On assiste aussi à des reconstitutions de ces traversées de villages avec les superbes « roussataïo » (de « rosso », la jument en provençal) : de 20 à 100 juments et poulains en liberté, menées par les gardians à cheval, suivent un parcours dans les rues du village. Parfois, le troupeau traverse une rivière pour une gase (« engasado », passage de gué) en commémoration des anciennes grandes traversées du Rhône.
De la conduite des troupeaux pendant les transhumances ou pour les mener des prés aux arènes, est né le spectacle de « l’abrivado » (« élan, essor » en provençal) : pour éviter que les jeunes gens ne séparent le troupeau au moment de la traversée des villages, les gardians ont pris l’habitude d’accélérer et de passer dans les rues à vive allure. De nos jours, « l’abrivado » est devenu un véritable spectacle où les cavaliers encadrent des taureaux et passent au galop dans les rues, poursuivis par les jeunes « atrapaïres » qui tentent d’immobiliser un taureau. La « bandido », en fin de journée, ramène les taureaux des arènes au pré dans les mêmes conditions que « l’abrivado » du matin.
Le marquis de Baroncelli
Il est difficile de distinguer avec précision le moment où le travail du gardian est devenu spectacle pour être intégré au patrimoine culturel de tout un territoire. Les actions du marquis de Baroncelli pour valoriser la Nation Gardiane ainsi que le développement du tourisme dans les départements du Gard, de l’Hérault et des Bouches du Rhône y ont probablement fortement contribué.
Aujourd’hui ces jeux assurent la rentabilité de l’élevage du taureau de race Camargue et sa pérennité. Il n’y a pas de mise à mort dans les traditions gardianes. Les jeux taurins attirent des passionnés qui vouent une grande admiration à la bravoure du taureau et à sa générosité. On glorifie les taureaux de leur vivant, on les acclame dans les arènes, on leur consacre des statues sur les places des villages et c’est toute la manade qui bénéficie de l’aura d’un grand taureau. A l’inverse de la démarche tauromachique espagnole, c’est le taureau qui est adulé dans la bouvine camarguaise et non l’homme.
Photographier les fêtes votives
Les fêtes votives ont lieu de mars à octobre dans tous les villages de Camargue, dans les départements du Gard (30), de l’Hérault (34) et des Bouches du Rhône (13). Elles durent 3 à 5 jours dans les petits villages et jusqu’à plus de 10 jours dans les gros villages comme Aigues-Mortes, Sommières, Les Saintes-Maries de la Mer, le Grau du Roi, le Cailar,… Il peut y avoir quelques fêtes en hiver. Par exemple, le 10 et 11 novembre de chaque année, l’abrivado des plages aux Saintes-Maries de la Mer regroupe des centaines de cavaliers sur la plage pour mener les taureaux jusqu’aux arènes.
Je repère, pour les stages photo 3 jours, les programmes des festivités de villages alentours pour intégrer des séances de photo-reportage à nos journées photo. Je propose en particulier, le premier week-end d’octobre, d’assister au lancement de la fête d’Aigues-Mortes dans le splendide décor de la cité fortifiée, pendant le stage Immersion Camargue.
Retrouvez toutes les dates et les informations sur mon site web dans la rubrique JE RESERVE : https://cecile-domens-photo.com/reserver-un-stage-photo/ p